"Toutes les caresses qui ont manqué"

« Quand nous reverrons-nous ? Quand le goût terreux de tes lèvres viendra-t-il à nouveau frôler l’anxiété de mon esprit ? La terre est comme un tourbillon de lèvres mortelles. La vie creuse devant nous le gouffre de toutes les caresses qui ont manqué. »

Antonin Artaud – L’ombilic des Limbes

Bande 4

J’aime utiliser les références de grands auteurs, parfois c’est quand même bien plus simple, et surtout plus frappant que d’utiliser ses propres mots. Et comme quelqu’un me l’a judicieusement fait remarquer il y a peu de temps, écrire sur soi ça devient trop personnel. Ça rend les choses tout de suite beaucoup plus concrètes quand on pose des mots dessus. Oui mais voilà moi j’ai un problème … Je sais que mes mots ne sont jamais à la hauteur, ils sont toujours manquants pour exprimer ce que je ressens, ce que je pense. C’est l’inconvénient de la barrière de la langue, une langue est quantitativement limitée. Le cœur lui en revanche, ne l’est pas. Alors les mots me manquent, et ça en devient frustrant. Utiliser ceux de quelqu’un d’autre à ma place, c’est du coup un sentiment qui devient en-dehors de moi, et une frustration qui ne m’auto-culpabilise pas sur mes propres lacunes linguistiques. Vous pouvez appeler ça « fuite » ou « lâcheté », peu m’importe. Après tout n’est-ce pas le principe même de la vie, de faire des compromis psychiques qui permettent de mieux vivre avec soi-même ? Je ne fais pas exception. Et puis je suis en psychologie, donc je ne fais doublement pas exception, même si je comprends un peu les mécanismes qui se jouent en moi.
Le bonheur. Cette illusion furieuse que le monde tient au creux de notre main. Mais réveille-toi ma grande, le bonheur est éphémère, il glissera entre tes doigts comme s’échappent l’eau ou la fumée. C’est un mirage qui peine à nous donner l’impression d’avoir un but dans la vie.
Après tout, concrètement c’est quoi le bonheur ? C’est une personne avec qui partager les moments simples de la vie. C’est sourire à la caresse du soleil sur notre joue. C’est respirer l’air frais que nous offre la nature. C’est se laisser bercer par les murmures d’une voix aimante. On attend quoi au juste avec nos grands rêves ? Tout n’est que poudre aux yeux. Il est temps de se recentrer sur l’essentiel. Et au fond même si tu es parti ce n’est pas grave, tu seras toujours en moi. Tu existeras toujours dans mon cœur. Tu as su faire vibrer les fibres de mon âme, de sorte à ce qu’elles résonnent pour toujours tu vois. Alors tu peux bien partir tu seras encore là.
Et je suis sereine, au fond de moi. Très au fond pour l’instant mais ça remontera, car tu vois un jour Victor Hugo a dit : « Aimez et souffrez, espérez et contemplez. Malheur, hélas ! à celui qui n’aura aimé que des corps, des formes, des apparences ! La mort lui ôtera tout. Tâchez d’aimer des âmes, vous les retrouverez. » Tu comprends maintenant ? Au diable l’apparat, le corps et l’alchimie physique, nous c’est bel et bien au-delà de ça. Et si c’est pas pour maintenant un jour ça arrivera. Au-delà de l’homme, c’est au-delà de l’enveloppe corporelle. Les âmes, elles, perdurent et se retrouvent.
Nam myoho renge kyo
Bande 4

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